C’est en Grande Bretagne que l’on voit au début du siècle, les premiers clubs avec des experts japonais, et deux français. dont
Guy de Montgrilhard, dit Ré-Nié, lutteur et judoka, qui ouvrit une salle à Paris en 1904. Son succès du ju-jitsu grandit, au fil des victoires, jusqu’au jour où Ré-Nié succomba devant un imposant lutteur russe. Alors les amateurs de sports de combats se détournent du judo. En 1908, Le Prieur est le premier français qui suit des cours au Kodokan mais il ne persévère pas au-delà de quelques démonstrations publiques.A partir de 1924, nouvelle tentative d’implantation du judo : Keishichi Ishiguro, 5ème dan du Kodokan, arrive à Paris où il enseigne dans plusieurs dojos, multipliant les manifestations de propagande, tout en se déplaçant également dans toute l’Europe. Personnalité toutefois peu attachante, le professeur japonais ne laissera même pas l’embryon d’un premier développement du judo en France.
L’étape décisive se place avec la rencontre, en 1933 puis en 1934, de M. Feldenkrais avec Kano Jigoro, venu en France où il prononce des conférences.
M. Feldenkrais sera l’un des animateurs du Ju-Jutsu-Club, à Paris, où viendra enseigner, M. Kawaishi, venu de Londres en 1935.
Alors 4ème dan, Kawaishi Mikinosuke, va former les premiers judokas français, au Jiu-Jitsu-Club de France.
Personnalité dynamique, fin psychologue, judoka efficace, M. Kawaishi marquera le judo français quoique ne plaisant pas à tout le monde, en raison du caractère jugé trop autoritaire et l’aspect dictatorial des méthodes du shihan. M. Kawaishi impose sa méthode personnelle, codifiée suivant une nomenclature plus proche de l’esprit occidental ;
De plus, il crée les ceintures de couleurs, correspondant aux grades intermédiaires entre le débutant et la ceinture noire, qui n’existaient pas dans le judo japonais.
Son action sur le judo français fut décisive et les premiers championnats de France se sont déroulés à la salle Wagram à Paris, le 31 mai 1943 devant 3000 spectateurs, avec la victoire de Jean de Herdt, alors 2ème dan.
Lorsque le maître regagne le Japon en 1944, il laisse une cinquantaine de ceintures noires en France.
Il revient, 7ème dan, en 1948.
Entre temps, le développement du judo a beaucoup évolué
D’abord section de la Fédération Française de Lutte, le judo est enfin officiellement reconnu dans le cadre de la Fédération Française de Judo en 1947 (FFJ). Ce fut le judo « Fédéral ». Et quelques mois plus tard se constituait le Collège des Ceintures Noires, organisme opposé au premier. C’est dans ce contexte tendu que
M. Kawaishi revient.
Il réussit à maintenir l’unité du judo français jusqu’en 1951-52, assisté de Shozo Awazu 6ème dan, à partir de 1950.
La véritable brèche dans l’autorité du maître sera l’arrivée, en 1951, de Ishiro Abe
au Shudokan de Toulouse. C’est également l’année des premiers championnats d’Europe à Paris, où les judokas français raflèrent tous les titres, en équipe comme en individuels, et où Jean de Herdt reçut le 4ème Dan des mains de Kano Risei, fils du fondateur, Président de l’Union Internationale de Judo.
Dans le Midi, Ishiro Abe faisait découvrir un nouveau judo, tout en souplesse et en dynamisme. On parla de véritable révélation qui, forcément, ternit l’image de M. Kawaishi dont l’influence sur les affaires du judo français allait décliner rapidement.
Source : Judo Pratique de T. Inogai & R. Habersetzer